NOTE D’INTENTION DE LA CHORÉGRAPHE
« Nous sommes deux ans après la création de FRIDA. (Frida KAHLO)
C’est le temps qu’il m’a fallu pour avoir de nouveau quelque chose à dire. Après avoir traité de la puissance de vie envers et contre tout, ce qui fait qu’on peut rebondir après un accident et des effondrements intérieurs, je repars sur les chemins de l’intimité. C’est là où je trouve pleinement ma place avec le public. Comment le mouvement est porteur d’une réflexion profonde sur nos mécanismes intérieurs de vie et de survie.
Ce qui m’intéresse au plus haut point est d’explorer notre potentiel de sublimation du réel par le corps. Non pas pour échapper au réel, mais pour redonner au corps sa place de premier capteur sensitif, conscient et donneur d’informations bien plus profondes qu’on ne pourrait le penser. Encore faudrait-il s’arrêter dans nos courses folles d’aujourd’hui et l’écouter nous dire ce qu’il vit !
Aussi, mon nouveau projet de création n’y échappe pas. Il traite de la notion de femme sauvage. Cet instinct qui nous fait prendre une route plutôt qu’une autre. À quel moment nous décidons d’écouter cette voix intérieure qui se base sur l’amalgame de nos vécus et de nos sensations, pour toujours choisir la route sauvage, celle qui continue à faire de nous un être singulier !!! Et comment résister à l’appel de la normalisation, appel plus ou moins subtil qui nous est imposé par les codes de la société ou de la famille.
Ma démarche de création est soutenue par le fameux livre de Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups. Cette pensée basée sur la transmission des mythes et des contes anciens questionne exactement là où j’avais envie d’aller avec cette création.
J’ai voulu m’adresser à un public large en âge. Au moment où on doit intégrer les codes multiples de la vie en société, au moment donc de l’entrée à l’école primaire, il me semblait important de pouvoir faire entendre que l’instinct, le côté organique ne disparaît pas. Il cohabite, parfois de façon plus ou moins souterraine…
Nous sommes trois danseuses au plateau et une musicienne, batteuse.
Ensemble, nous travaillons à rendre visible ce qui nous donne l’élan de vie. Cette organicité qui dévoile nos parts animales.
Le tactile, le sensitif, l’ouïe sont ici largement mis en avant, et se trouvent en amont de la mise en place du mouvement dansé.
La douceur d’une situation sera toujours proche d’une position de danger, de solitude… Un peu comme dans la vie, l’alternance opposée et complémentaire du chaud et du froid, du triste et du joyeux.
Tout ce temps que l’on passe à construire et à déconstruire, sûrement pour mieux reconstruire ?! »
Muriel BARRA
Contes dansés - création 2009